L'OMS face aux cigarrettiers à Genève

Les médias occidentaux semblent pour la plupart très silencieux sur la question. Mais il se passe pas mal de choses à Genève où l'OMS et les pays membres participent à une convention-cadre de l'Organisation mondiale de la santé pour la lutte anti-tabac (FCTC). En gros, et pour la faire courte, c'est une convention durant laquelle l'OMS va tenter de conseiller les pays sur la politique anti-tabac à adopter, la politique anti-tabac, voire même la politique anti-vape puisque, pour l'OMS c'est du pareil au même.
Cela a commencé au début de la conférence par un appel de 70 scientifiques le 02/10 qui réclament que l'OMS considère avec plus de bienveillance les nouvelles méthodes de sevrage comme la vape (lire ici).

Cela a continué avec le forcing des cigarettiers qui font apparemment tout pour entrer dans cette convention et intégrer les débats, malgré l'interdiction qui leur a été signifié (lire cet article). Mais bon leur présence à Genève n'est pas pour faire pression. Pensez-bien, ce n'est pas le genre de la maison. Non, ils veulent juste participer aux débats.

Evidemment, la présence des cigarettiers qui ont a priori pu participer à certains débats crispent les représentants de l'OMS. Comme le dit un de ces représentants :

"l'ingérence de l'industrie du tabac, combinée à l'émergence de nouveaux produits du tabac, continue d'être considérée comme l'obstacle le plus sérieux à l'application de la Convention"

Et Mme Da Silva, une des responsables de cette convention :

"on ne peut pas faire confiance à ce que dit l'industrie du tabac".

Au vu de certains mensonges que les cigarettiers ont essaimé pendant des dizaines d'années, on ne saurait lui donner totalement tort.

Mais les cigarettiers ont plus d'un tour dans leur sac, on ne veut pas d'eux dans les salles dans lesquelles les débats ont lieu ? Très bien, ils vont s'installer dans l'hôtel où les représentants des pays sont logés pour placer un stand :

"Faute de pouvoir participer aux débats, Philip Morris a disposé dans cet hôtel un stand pour présenter aux délégués son portefeuille de produits qui, selon le groupe, sont censés réduire les risques en matière de santé, comme les cigarettes électroniques et les bâtonnets de tabac à chauffer."

Cet article détaille la stratégie de Philip Morris. Ce dernier sait compter. Et il a fait les comptes. En 2017, la part des ventes de produits de la vape ou de tabac chauffé a représenté 13% du chiffre d'affaires du géant du tabac. Et cela va croître :

"Cette part devrait atteindre 16% pour 2018 et 38% en 2025, a indiqué Livio Vanghetti. Moira Gilchrist estime de son côté que ces produits de substitution ont un potentiel de ventes très important."

0]]"PMI s'est donc engagé dans une mue en profondeur, matérialisée par un investissement total de plus 4,5 milliards de dollars (4,4 milliards de francs) depuis 2008 dans la recherche et le développement de ses produits sans fumée, dont 120 millions (117 millions de francs) récemment dans son centre de recherche et développement (R&D) qui emploie 430 scientifiques à Neuchâtel."[/i]

Une puissance de frappe économique qui fait peur ou fait rêver, c'est selon.

Voilà donc où l'on en est :
- une conférence sur le tabac, mais aussi les produits de substitution dont la vape, à huis-clos, loin des caméras, loin du peuple et des fabricants indépendants du tabac ;
- des cigarettiers qui font le forcing pour participer et qui, en passant, font un bon petit hold-up en passant en faisant croire que la vape, cela vient d'eux ;
- une OMS persuadée que la vape est dans les mains des cigarettiers. D'après ce qu'elle voit, difficile de lui donner totalement tort. Mais cela ne devrait pas lui faire changer d'avis sur son souhait de restreindre le plus possible la vape.

Une guerre des nerfs. Une guerre de géants. Loin des citoyens. Loin des fumeurs.

Bonne lecture et bonne vape !