[ARTICLE 21/05/2021] courrierlaval.com : quand les médias et les politiques s'aiment d'amour.

Le site courrierlaval.com nous fait ici une magnifique démonstration de cette complicité ou connivence qui s'installe parfois entre les médias et les politiques. Attention : ici, Laval désigne une ville du Québec et non pas la ville de la Mayenne en France. Et mon objet n'est pas ici de critiquer la politique au Québec, nous avons en Europe aussi des cas de cette étrange complicité entre médias et politiques. Mais c'est toujours intéressant d'observer ce phénomène chez les autres, moi qui habite en France. On peut se permettre, en étant moins concerné, d'être peut-être plus objectif. Que les québécois me pardonnent donc ma critique de cet article qui ne les vise absolument pas.

De quoi il retourne ? Le courrierlaval.com s'inquiète de l'augmentation de la pratique de la vape chez les jeunes.

"Contrairement aux dires de l’Association canadienne du vapotage qui avance que la majorité des usagers de ces produits sont des adultes de 40 à 60 ans qui tentent de cesser de fumer, de nouvelles données de l’Enquête québécoise sur le tabac et les produits du vapotage (EQTPV) publiée par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) montrent une réalité tout autre."

Bon, déjà, un bon bourre-pif sur le nez des vapoteurs pour bien s'échauffer. OK, les chiffres de l'association canadienne de vapotage sont peut-être faux mais on ne peut pas dire que les chiffres énoncés dans l'article soit particulièrement sourcés et étudiés. Nous y reviendrons.

Cependant, il est exact que tout le monde s'accorde à dire que la pratique du vapotage semble s'accroître sensiblement chez les jeunes et les mineurs.

"Selon ces données, la consommation de produits de vapotage est trois fois plus répandue chez les jeunes que chez les adultes. Seulement un fumeur sur cinq qui tente d’arrêter de fumer a recours aux produits de vapotage, conclut l’enquête."

Oui, enfin il est bon de rappeler que les médias canadiens et québecois tirent à vue sur la vape dès qu'ils en ont l'occasion, comme d'ailleurs bon nombre de médias en France, même si en France, cela semble un peu se calmer. Voici un exemple d'articles qui n'encouragent probablement pas les québécois qui souhaitent arrêter à choisir la vape. Si vous avez envie de passer à la vape après avoir lu ce genre d'articles, faites-moi signe ! Et encore, 20% des fumeurs qui choisissent la vape, ce n'est pas un si mauvais score que cela, non ?

«Ces données contredisent également l’argument selon lequel le vapotage serait avant tout un outil de réduction des méfaits, poursuit la porte-parole. Ce que les promoteurs des cigarettes électroniques omettent de mentionner, c’est que parmi les vapoteurs adultes (dont la majorité cherche à arrêter de fumer), près de la moitié continue de fumer, ce qui les exposent à des risques encore plus importants que ceux associés uniquement au tabagisme.»

Ce que cet article oublie, lui, de mentionner, est que si effectivement des vapoteurs ont du mal à lâcher le tabac, il y a aussi beaucoup d'entre nous qui s'accordent une phase transitoire durant laquelle ils remplacent doucement le tabac par la vape.

18% des adolescents (15-17 ans) vapotent

D'accord. Mais vapotent à quelle fréquence ? Tous les jours ? Occasionnellement ? Une fois pour tester ? Ce chiffre ne mélange-t-il pas celles et ceux qui sont réellement accrocs et ceux qui testent, pour voir, par curiosité ?

Cette fiche de l'Institut des statistiques du Québec montre que 72% des jeunes se font "donner" des ecigs par des amis. Ces derniers sont bien sympas mais on peut supposer qu'ils ne donnent pas régulièrement leurs matériels, cela doit être le plus souvent des prêts. Donc, il me semble, mais je me trompe peut-être, que ce n'est pas avec l'aides des potes que l'on peut se mettre à vaper 5 ml par jours. Je ne suis pas persuadé que les copains et copines fournissent les kits, les résistances et tous les liquides quotidiens pour cela.

Enfin, pour le reste des cas, on peut pointer la responsabilité des adultes : boutiques physiques, achats en ligne ou des membres de la famille. Pour les achats, peut-être que le respect de la réglementation suffit (l'achat est interdit aux mineurs).

Enfin, l'adolescence est un âge où l'on teste. Si la vape ne leur était pas accessible, ces jeunes n'iraient-ils pas vers d'autres produits ? J'ai vu passer sur twitter une étude sur un état des USA qui avait fait la chasse à la vape, jusqu'à l'interdiction des arômes ou tout l'arsenal. Total, le tabac a repris en flèche chez les jeunes.

et on arrive au clou du spectacle :

"l’urgence de mettre en œuvre un encadrement réglementaire pour mieux contrer le vapotage chez les jeunes tel qu’annoncé par le ministre de la Santé Christian Dubé en décembre dernier. Les deux mesures envisagées, soit l’interdiction des saveurs (autre que celle du tabac) et une limite sur la teneur en nicotine, constituent des mesures longtemps attendues par les groupes et intervenants en santé."

CQFD. Tout cette démonstration (les adultes ne sont pas vraiment les plus concernés par la vape, ce sont les jeunes qui vapent le plus) pour "faire vendre" aux lecteurs le plan du gouvernement québécois.

L'article se termine par un définitif :

"45 % des jeunes et jeunes adultes affirme qu’ils arrêteraient de vapoter si les produits aromatisés n’étaient plus disponibles, selon un sondage réalisé par Cœur + ACV."

C'est donc évidemment la seule mesure à prendre pour protéger la jeunesse. Le débat est clos. Et d'ailleurs il n'y a pas de débat : soit tu veux protéger la jeunesse et tu signes le plan du gouvernement. Soit tu critiques et tu ne peux qu'être qu'un monstre. Et puis tant pis pour les 20% de fumeurs qui choisissent la vape. Ils prendront un patch ou du Champix.

Bonne vape !

@Franck:

Je me dis une chose, c’est qu’au lieu de s’affoler du nombre de jeunes (majeurs) qui vapotent, on devrait se réjouir qu’ils ne fument pas des clopes!

Dans les années 70, nous étions 70% d’étudiants à fumer, avec les risques que cela comportait.

Maintenant, 70% de vapoteurs, qu’ils en profitent, ça leur fait du bien sans risque pour leur santé.

Pour les mineurs, les parents sont là pour les aider à faire leur choix... quand ils seront majeurs!

Les ligues contre ceci ou contre cela me « tapent sur le système ».

@papillon :

Je me dis une chose, c’est qu’au lieu de s’affoler du nombre de jeunes (majeurs) qui vapotent, on devrait se réjouir qu’ils ne fument pas des clopes!

Oui. En tout cas, la vape est un moindre mal. On le sait, certains ados ont des comportements à risques. C'est l'âge des tests. Et puis même des adultes ont des comportements à risques.
Du coup, oui, il vaut, je pense mieux que des jeunes vapent plutôt que la clope, faire de binge drinking ou se piquer à l'héroïne.

Pour les mineurs, les parents sont là pour les aider à faire leur choix... quand ils seront majeurs!

Là, je suis plus sceptique. On est nombreux à avoir attendu d'être majeur pour en allumer une ? Je ne suis pas certain.

@Franck

https://statistique.quebec.ca/fr/fichier/enquete-quebecoise-tabac-produits-de-vapotage-cahier-technique.pdf

On pose 80 questions à un panel de personnes de 15 ans et plus.
Au total, 13 553 personnes ont participé à l’EQTPV 2020
Le taux de réponse pondéré pour cette enquête est de 58 %.
On se retrouve avec les mêmes résultats que ceux des micros sondages trottoir européens.
La seule chose que l'on peut tirer de ces infos c'est que la grande majorité des sondés ne connaissent pas suffisamment les dangerosités respectives du tabac et de la vap.
En fait ils croient savoir car quand on leur donne la possibilité de répondre Ne sait pas cette réponse est étonnamment faible par rapport de ceux qui "savent".
Avant internet, la télé les consultés répondaient bien plus souvent qu'ils ne savaient pas. Maintenant avec toutes les réponses prémâchées, orientées disponibles cela la fout moche de ne pas répondre, alors on sort ce qu'on a cru entendre comprendre...
Les sondeurs savent parfaitement que les gens préfèrent dire n'importe quoi plutôt qu’admettre leur méconnaissance.
C'est la seule conclusion que devrait formuler les sondeurs
Mais pas besoin de faire un nouveau sondage pour tirer cette conclusion, tout les organismes de sondage et les politiques le savent !!!