Le Dr Jean Yves Nau est mort

par **Franck** Lun 9 Nov 2020 - 20:32

Putain d'année.
Putain de journée.
Jean Yves Nau nous a quitté.
Jean Yves Nau était médecin mais aussi journaliste. Il a été chroniqueur santé pour le journal Le Monde de 1980 à 2009.
Depuis, il faisait régulièrement des chroniques pour slate.fr.
Il tenait aussi un blog personnel où, on ne se refait pas, il écrivait sur l'actualité de la médecine et de la santé. Si vous ne connaissez pas, je vous invite à y faire un tour ici. Vous y découvrirez sa plume fine, élégante mais aussi acérée. Même si vous ne partagez pas toutes les idées qu'il défend, il vous donnera de quoi réfléchir, de quoi approfondir vos connaissances mais aussi vos idées sur de très nombreux sujets liés à la santé.

Mais le Dr Nau a aussi depuis longtemps pris fait et cause pour la vape. Il ne comprenait pas pourquoi les gouvernements successifs étaient si timorés à l'idée de considérer la vape comme un réel outil de réduction des risques sur lequel il convenait de s'appuyer, pas plus mais pas moins que les autres méthodes connues et acceptées. Et il ne manquait jamais l'occasion de dire, de l'écrire.

Il a rédigé beaucoup d'articles sur la vape. Et le forum a souvent cité ses écrits. Vous trouverez ici un des derniers papiers qu'il a écrit à ce sujet et que j'avais relayé sur le fofo.

Je me souviens l'avoir rencontré lors du premier sommet de la vape où il jouait le rôle d'arbitre dans les débats. Mais sous des dehors bonhommes et discrets, il montrait par quelques répliques bien senties qu'il avait déjà choisi son camp Very Happy

Alors, Docteur, merci pour vos écrits et vos engagements. Merci pour ce que vous avez fait, à votre niveau, pour la vape mais aussi pour l'ensemble de votre travail.

Je termine ce post en vous laissant le message que son fils, Jean-Clément, a laissé sur le blog de son père :

Bonjour

Jean-Yves Nau est mort dans la matinée du dimanche 8 novembre, laissant derrière lui sa famille, ses amis – et de nombreux lecteurs.

Il est difficile de mettre un terme à un blog comme celui-ci. Parce qu’il est impossible d’égaler son style ; parce qu’il est difficile d’exprimer en mots la passion du journalisme et de la médecine qui était la sienne.

Mais il serait plus cruel encore de ne pas marquer la fin de ce flux de textes, qui était plus qu’un flux ; qui était un lien entre lui et vous, un lien essentiel pour lui et, nous l’espérons, pour vous.

Jean-Yves Nau n’a sans doute jamais eu la sensation d’avoir écrit assez. Le journalisme et la médecine ont ceci de commun qu’ils ne connaissent pas de fin. Le corps des malades, comme le corps social, est un éternel recommencement fait de troubles à soigner, de maux à décrire. Jean-Yves Nau n’a jamais eu la sensation d’avoir terminé son ouvrage. Ce flux, ce lien entre vous, a toujours été la pierre angulaire de sa vie d’adulte, sans cesse renoué, sans cesse recommencé, jour après jour, mot après mot. Ce flux, ce lien était bien plus qu’un flux, bien plus qu’un lien ; c’était un fleuve, aussi solide, aussi large, aussi beau que cette Loire qu’il aimait tant.

C’est donc la fin du fleuve. Sinon la fin du fleuve, du moins son embouchure.
Si, pour filer la métaphore, la Loire de sa passion s’est jetée dans le grand océan de la culture francophone pendant toutes ces années, c’est parce qu’il avait l’ambition de vous toucher, de vous informer, de vous donner une nouvelle perspective sur le monde.
Si il y est bel et bien parvenu, alors vous garderez un peu de sa sagesse, de son intelligence, de sa passion, de son amour de la médecine et du journalisme, qui nous l’espérons, survivront à ses mots, à son blog.

Et si les qualités qui furent les siennes, si son style et sa passion continuent de vous accompagner jour après jour, alors nous pouvons encore écrire, une toute dernière fois, ces mots qui ponctuaient chacun de ses billets ; ces mots d’espoir, qui étaient aussi, à sa manière, des mots d’amour :

A demain

Jean-Clément, son fils