La vape du coeur en difficulté financière

Effectivement cela peu poser question. Et cela rejoint l' autre post : sur notre confiance sur les associations.....

C'est très triste, mais a-t-elle anticipé des dons aléatoires dans le futur  ?. Logiquement on ne peut offrir que ce que l'on a.
A voir.

Franchement, c'est pour moi une association qui mériterai davantage de financements.

J'ai pas voulu m'exprimer sur l'autre post sur les associations, parce que je ne connais pas bien les autres.

Mais franchement, moi la vape du cœur elle aide beaucoup mes patients. Faire des sommet de la vape, c'est bien. Avoir une vision à long terme, faire changer les mentalités, diffuser de l'information, tout ça c'est top. Et il en faut des associations comme ça.
Mais il en faut aussi sur le terrain. Et je sais que chez moi, la vape du cœur a énormément contribué. Mais vraiment quoi. Et derrière, faut bien se dire que ce sont des destinataire qui ont une vie de misère. J'ai pas envie de sombrer dans le pathos, mais on n'imagine pas ce que passer à la vape peut changer dans la vie de certains. Moi j'ai des dames, elles se prostituent pour se payer leurs clopes. Et elles font passer ces clopes, avant des besoins de base, comme se loger ou se nourrir.  J'ai eu une jeune homme, il vivait en centre d'hébergement d'urgence. Il est passé à la vape, à repris du poids, à fait des économies. Il a repris confiance en lui, il s'est trouvé une copine, et vit désormais avec elle, sous un toit. J'ai un gars, la première 15aine du mois il se paye son tabac, la seconde 15aine, sans le sous, il passe 6h/jour à faire le tour de Marseille pour gratter des clopes aux passants parce qu'il se refuse à ramasser les restes de mégots.

Et j'ai aussi des gens, pas tous les jours, mais plusieurs fois dans l'année, que l'on retrouve mort un matin. Des jeunes qui ont parfois à peine 20 balais. Je dis pas que les faire arrêter de fumer aurait toujours changé les choses. Mais je pense que pour certains oui.

Derrière chaque kit de la vape du cœur que j'ai pu distribué, il y avait toujours une vie particulière. Souvent triste. Et je sais que parfois, pas toujours mais parfois, ces petits kits à deux francs six-sous, ils ont changé des destins.

Alors peut être que finalement, y'a du pathos dans mon message. Mais on donne souvent pour des repas, ou des vêtements. Eux, pour le prix d'un sandwich ou d'un t-shirt, ils peuvent sauver des vies. Avec un concept tout con. Mais qui marche.

Merci pour ce témoignage

Le problème me parait simple, ils n'ont pas assez d'argent pour répondre aux sollicitations.
Il ne faut pas confondre difficultés financières et déficit.
Merci Franck d'avoir attiré notre attention et merci ThibaudC pour tes exemples d'action.

Quand je pars sur ce type de message, j'ai toujours des remords le lendemain. Je suis un peu gêné d'exposer la vie des gens comme ça. Même si c'est anonyme, j'ai toujours l'impression que c'est indécent. Mais en même temps, je trouve que parfois c'est bien aussi de montrer certaines réalités.

Franck a écrit:@ThibaudC :

Tu n'as exposé personne puisque tu n'as cité aucun nom ! Donc tu n'as aucun remords à avoir. Au contraire, ton post est instructif et profondément humain. Il montre la détresse de certains et tu as montré ce que la vape du coeur peut apporter. Je pense que ton post a du en faire réfléchir quelques uns !

Ton post m'a éclaté en pleine figure.
Je suis conscient que la vape change la vie de fumeurs à long terme, par ce qu'ils n'ont qu'une chance sur deux de s'en sortir s'ils ne changent rien.
Mais tu parles de gens qui connaissent des conditions de vie très difficiles et pour lesquels la vape peut changer la vie à court terme de manière radicale.
Je pense qu'il s'agit de situations dont on n'a pas forcément conscience si on n'y est pas directement confronté.
Merci pour ton témoignage qui amène un éclairage qui est loin d'être évident quand on ne connait pas cette situation de détresse.

Bonjour,
Connaissant un peu étant un bénévole de la VDC, ce n est pas quelle a les yeux plus grand que le ventre, juste trop impliqué trop généreuse dans le soucis d apporté aide a la réduction des risques et a aider les plus démunis et les plus fragile niveau santé.
Exemple un bénéficiaire qui n a pas de paypal pas de cb qui ne peut se déplacer facilement et qui a du mal avec les transaction virement, ben la vape du cœur va prendre en charge les frais d expédition vers le destinataire.
Il y a aussi je pense que cela n aura pas échapper pas de grosse campagne d appel aux adhésions, donc du coup pas beaucoup de rentées d argent.
des solutions vont être mises en place, mais il y avait beaucoup de choses a voir a faire niveau du staff pour les questions administrative mais aussi partenariat avec les donateurs et les service de santé, et comme tous a la VDC ne sont que bénévoles, et ont une vie professionnelle aussi !!!!
ils ont besoin de soutiens d adhésions et de bénévoles

Tiens, nouvelle petite anecdote.

Hier, entre au csapa un monsieur très clochardisé. Un mec capable de te citer du Victor Hugo, mais qui se fait refuser l'entrée dans la moitié des pharmacies à cause de la saleté et de l'odeur. Un drôle de personnage.
Son chien est mort il y a quelques jours. N'ayant plus grand chose à perdre, il s'est décidé à faire Saint Jacques de Compostelle. Mais il bloquait parce qu'il ne pourrait pas mendier son tabac sur le chemin. Du coup, on a pris un moment, et il est reparti avec un kit de la VDC, et des liquides (à noter qu'il a été assez courageux pour tester l'arôme crumble aux mures).

Et le voilà, avec sa stardust dans une main, et son petit bâton de marche dans l'autre, parti pour Compostelle

C'est marrant comme parfois certains rêves tiennent à peu de choses.

Merci pour cette nouvelle anecdote croustillante virtuellement (crumble), est-ce que tu pourrais nous expliquer comment fonctionne un CSAPA?

Définition
Un centre de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) est une structure plurididisciplinaire qui a pour mission d'assurer les actions de prévention et de soins aux personnes atteintes d'addiction.
Les centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie regroupent depuis 2011 les centres spécialisés de soins aux toxicomanes (CSST) et les centres de cure ambulatoire en alcoologie(CCAA).
Le CSAPA a aujourd'hui la vocation d’apporter une prise en charge plurididisciplinaire et conceptuelle sur toutes conduites addictives, quel qu’en soit l’objet.

C' est pas le boulot le plus facile......

Ma question était plus au niveau du fonctionnement et du financement.
Au vu des anecdotes, les personnes ne sont pas forcement sous couverture sociale, sont-elles envoyées par des assistantes sociales, des médecins? A part des tabacologues, qui reçoit les personnes? Qui finance? etc....

Non, les personnes n'ont pas forcement de couverture sociale. D'où aussi la prise en charge pluridisciplinaire, qui inclut aussi un accompagnement social.

Souvent, les csapa sont en ambulatoire. Mais pas toujours. Par exemple, j'exerce aussi dans un établissement qui à des appartements thérapeutiques.

Au niveau financement, nous sommes sous tutelle ARS. Ils financent les CSAPA. Après, il faut y voir une forme d'investissement. Par exemple, un traitement hépatite C coûte plusieurs 10aines de milliers d'euros. Les distributions de seringues et le travail de prévention sont vite rentabilisé.

Pour les orientations, c'est large. En gros, soit la personne vient d'elle même, soit il y a un orienteur. J'ai aussi des personnes orientées par la justice. Ce sont les fameuses personnes en "obligation de soin" qu'on lit parfois dans les journaux.

Après, moi je bosse dans une structure dite "bas seuil" (que je n'aime pas ce mot...). Donc oui, une population précaire. Sachant que l'on délivre des traitements de substitution aux opiacés, nous avons plutôt un public héroïnomane. Mais ce n'est pas le cas de tout les csapa. Avant, j'avais des cordonniers, des bijoutiers, ou des vétérinaires comme patientèle.

Les tabacologues sont rares en csapa. Hors hôpitaux, je n'en ai jamais vu. Les équipes sont généralement composés de médecins, de travailleurs sociaux, de psy, et éventuellement d'infirmier. A vrai dire, le tabac a longtemps été considéré comme secondaire. Et c'est encore le cas. Par exemple, la partie tabacologie de mon poste n'est pas financé par l'ARS, mais sur les fonds propres de l'association.

Voilà, en espérant avoir répondu malgrè le fait que je débute dans ce métier.

C'est assez clair !

J'ai eu une bonne nouvelle hier.

On a une dame suivie maintenant depuis quelques mois. Endetté, sans un sous, antécédents alcooliques. Et surtout, un compagnon qui la bat sévère. D'ailleurs, v'la le cercle vicieux : il lui casse la gueule, elle est hospitalisée, et ressort encore plus endetté à cause de la facture des soins. Et comme le logement appartient au compagnon, elle est encore plus à sa merci. Enfin bref.

Cette dame n'a donc plus un rond. On se demande comment elle se paye ses clopes d'ailleurs. Il y a deux semaines, elle arrive au csapa couverte de bleus. Elle s'était pris une rouste par son compagnon pour avoir osé demander une cigarette au voisin. Elle ne veut pas spécialement arrêter de fumer, mais cherche une solution alternative. Je la prend en charge, et lui donne un kit de la vape du coeur.

Elle est revenu me voir hier. Elle n'a plus retouché une clope depuis qu'elle a eu son kit. Elle était ravi. Toute fière de son score au COtesteur (je m'étonnerai toujours de l'engouement que provoque ce machin). Je lui ai donné un clearo aspir BDC en plus (la VDC m'en avait fournit en plus des kits) afin qu'elle puisse profiter d'arômes gourmands en plus de son allday.

Cette prise en charge m'a aussi permit d'avoir une accroche avec cette dame, et ce qui l'a fait accepter un dossier de candidature dans un csapa proposant des prises en charge en résidentiel (appartement thérapeutique), afin de se mettre en sécurité de son compagnon.

Merci pour cette belle histoire vécue.
Tu as un beau métier même si ce ne doit pas être facile tous les jours.
Bon courage.

bravo Thibaut, oui tu as un beau métier mais pas facile! toutes ces femmes qui se font tabasser c'est immonde, certains hommes sont immondes...

Bravo.
Maintenant le plus urgent est de juger et condamner ce type.

copiercoller a écrit:Bravo.
Maintenant le plus urgent est de juger et condamner ce type.

c'est pas toujours facile....

Oui, car il faut qu'elle accepte de porter plainte....
Pas toujours évident, mais plus facile, si elle est à l'abri !

Non, c'est clairement pas évident. Mais la situation s'améliore pour cette dame. Le compagnon est aujourd'hui en prison (pas pour les coups, mais parce qu'il était déjà recherché).
Le problème, c'est que cette dame va perdre son logement dans 3 semaines, vu qu'elle ne paye plus le loyer depuis quelques temps. Et à cause de certains soucis, elle est sans ressource, la caf ne lui verse ni APL, ni RSA.

Du coup, on a fait un dossier pour un appartement thérapeutique sur un autre CSAPA qui propose du résidentiel. Elle rencontre le psychologue lundi prochain, qui validera ou non sa candidature. Et il s'avère que le dit-psy, c'est moi , qui bosse aussi là bas Ca fait un peu "juge et partie", mais bon.


En tout cas, elle tient bien son sevrage avec la cigarette électronique. Elle n'a pas refumé depuis. Je suis en panne de e-liquide, je ne vais plus pouvoir lui en fournir, mais on cherche des solutions.
Ce que je fais aussi désormais, c'est que je demande à la personne de s'acheter un e-liquide avant de lui donner la matériel. C'est plus engageant dans la démarche, et ça leur permet d'entrer dans une boutique de cigarette électronique et de tester un peu les parfums et le matos.
J'ai aussi changé mon fusil d'épaule en ne remplaçant pas systématiquement le matos quand il lâche. Je m'en suis rendu compte un peu par hasard, mais c'est arrivé pendant mes vacances. La patiente n'a donc pas pu venir me voir pour changer son matos, et a été s'acheter une AIO dans un magasin. Ce qui est énorme, parce qu’un tox au RSA, c'est vachement près de ses sous.

Globalement, je me rends compte que quand les cigarettes électroniques sont simplement données, ça ne marche que moyennement. Par contre, intégré à un suivi, je trouve les résultats très bon. Alors certes, il y a un biais de sélection, mais ça optimise le % de réussite, et ça permet d'optimiser au mieux le matériel donné par la Vape du Coeur.

J'espère aussi monter une cohorte en CARUUD (des centres d'accompagnement et de réduction des risques pour les usagers de drogues) avec une partie du matos de la VDC. En essayant d'avoir une évaluation à 6 mois pour valider l'efficacité de la cigarette électronique.

Franchement, je ne sais pas comment j'aurai fait sans la VDC. C'est pas pour faire de la pub ou autre, mais sans elle, on n'aurai jamais intégré la cigarette électronique dans les prises en charge, et j'aurai eu un paquet de patients sur le carreau.