Du rififi chez les associations : Génération Sans Tabac vs Aiduce

Belle passe d'armes cette semaine entre des associations sur les réseaux sociaux. C'est Vaping Post qui nous révèle l'affaire ici.
Génération sans Tabac qui rassemble Droits des Non Fumeurs et le Comité National Contre le Tabagisme a publié un article sur son site. Deux choses sont à retenir, dans cet article, l'AIDUCE (Association Indépendante Des Utilisateurs de Cigarettes Electroniques) est accusé d'être un groupe de façade, sous-entendu financé et géré par les cigarettiers et de servir les arguments des cigarettiers. Cela a provoqué un "petit" soulèvement des quelques vapoteurs encore actifs sur les réseaux sociaux (Vap'You, Sovape et aussi l'AIDUCE).

Mais ce communiqué a aussi une autre petite perle qui a provoqué l'incompréhension, voire la colère, d'autres associations de lutte contre le tabac. Je vous la livre :

« La focalisation du débat sur les fumeurs les plus dépendants et sur les difficultés du sevrage tabagique permet d’occulter que de nombreux fumeurs cessent assez facilement leur tabagisme »

Non, c'est vrai quoi. Pourquoi tenter de trouver des solutions pour des fumeurs qui ont le plus de mal à arrêter ? On s'en bat les steaks en fait.
Perso, j'entrevois une hypothèse : les plus gros fumeurs et les plus grosses fumeuses qui, en plus, quelquefois ont des dizaines d'année de tabagisme, ont souvent les plus difficultés à arrêter la cigarette. Pire même, les méthodes de sevrage classique ne fonctionnent pas vraiment. Par exemple, le taux de réussite avec des patchs doit tourner dans les 10%. D'après les études, le parmi ces méthodes classiques, le Champix semble avoir le taux de réussite le plus élevé mais c'est sans compter les effets secondaires quelquefois lourds de ce traitement.
En réalité, pour toutes les personnes qui ont du mal à arrêter le tabac et qui quelquefois ont tenté sans réussite les méthodes traditionnelles vendues par les laboratoires pharmaceutiques, la vape se révèle souvent la meilleure option.
S'intéresser à cette catégorie de fumeurs, c'est donc valider le fait que les traitements souvent proposés ne fonctionnent pas forcément et donc que la vape peut être une option intéressante.

Quant à l'AIDUCE, elle est presque en mort cérébrale. Sur deux millions de vapoteurs, je ne sais pas combien il y a d'adhérents mais on doit être dans les moins de 1000. Qui plus est, on ne voit que son président qui fait quelques tweets de temps en temps. A être si peu actif, à être si transparent, à être si vide, on s'attire inévitablement toutes les attaques.

Bonne lecture et bonne vape !

Franck a écrit:Mais ce communiqué a aussi une autre petite perle qui a provoqué l'incompréhension, voire la colère, d'autres associations de lutte contre le tabac. Je vous la livre :

« La focalisation du débat sur les fumeurs les plus dépendants et sur les difficultés du sevrage tabagique permet d’occulter que de nombreux fumeurs cessent assez facilement leur tabagisme »

C'est en effet refuser aux personnes qui ne veulent pas s'inscrire dans un parcours de soin -dont le résultat n'est pas garanti- une amélioration de leur santé sous prétexte qu'ils ont des blocages physiques et/ou psychologiques trop fort.
Même après avoir réussi à arrêter de fumer pendant plusieurs années, j'ai replongé : le sevrage n'est jamais acquis.
La vaporette doit devenir un droit pour le fumeur, et même s'il en est déjà un dans nos têtes, cela méritera d'être gravé dans le marbre.

Franck a écrit:Quant à l'AIDUCE, elle est presque en mort cérébrale. Sur deux millions de vapoteurs, je ne sais pas combien il y a d'adhérents mais on doit être dans les moins de 1000. Qui plus est, on ne voit que son président qui fait quelques tweets de temps en temps. A être si peu actif, à être si transparent, à être si vide, on s'attire inévitablement toutes les attaques.

Les assos ont copiné avec les professionnels de la vape, qui eux même ont aussi copiné avec les cigarettiers, alors que ces derniers ont toujours été bien vertement accueillis par le public dans les salons dédiés à la vape.


"my blue" chez SmokerStore (Taifun) à Schwelm (Maison-mère, Allemagne) en 2019. Collector !
Source : One Shot Media

Les pros ont même laissé aux cigarettiers le rôle de porte-parole de la vape auprès des médias grand public. Difficile alors d'être surpris par les attaques que tu nous partages.

Les seules associations de défense des vapoteurs qui ont de l'avenir n'auront aucun lien de près ou de loin avec les professionnels et les marchands.

@Floréal :

Alors, je vais me permettre d'apporter mon éclairage à ton avis qui est un peu différent du tien

Les assos ont copiné avec les professionnels de la vape

Alors là, je vais parler de mon expérience de vice-président de l'AIDUCE à sa création (5 mois avant la création officielle et 4/5 mois après environ).
Pour l'AIDUCE, à l'époque, il n'a jamais été question de "copiner" avec les professionnels. Car les utilisateurs et les professionnels peuvent avoir des intérêts communs mais ils ont aussi des intérêts divergents.
Le premier est simple : un professionnel souhaitera vendre un produit le plus cher possible pour se faire une marge. C'est tout à fait respectable. Et nous on voudra le même produit le moins cher possible. Si on constate qu'on a exactement le même produit du même fabricant avec les mêmes services mais à différents prix, on ira probablement dans l'enseigne la moins chère, non ?
Rien que pour cette raison et d'autres encore, on ne peut pas "copiner" avec les professionnels. A l'époque, on refusait les inscriptions des vendeurs, interdites dans les statuts même de l'association, ainsi que le financement des pros.
Néanmoins, il y a des moments où les intérêts peuvent converger. La création de l'AIDUCE a e lieu lors de la première mouture de la directive européenne qui prévoyait un seuil maximum de 4 mg/ml pour les liquides. Il est évident que cela aurait tué la vape. L'AIDUCE en avait bien conscience. Mais certains professionnels aussi. Du coup, pourquoi ne pas faire de temps à autre des opérations communes lorsque les intérêts convergent ? Pas tout le temps mais de temps à autre ?
Alors, on peut appeler cela "copiner" si on le veut mais cela se discute.

Les pros ont même laissé aux cigarettiers le rôle de porte-parole de la vape auprès des médias grand public.

Toujours en tant qu'ancien vice-président de l'AIDUCE, j'ai pu voir comment cela se passait un peu dans les médias. C'est instructif. Ou déprimant c'est selon.
Les journalistes qui montent un sujet (article, reportage, émission, débat) ont souvent peu de temps : une journée de travail la plupart du temps. Crois-moi, ils ne passent pas une journée entière à tenter de trouver les interlocuteurs les plus pertinents. Ils ont souvent un "carnet d'adresse" par grand thème et vont piocher dans ce carnet d'adresse 3 ou 4 noms d'interlocuteurs pour étayer leurs propos. Quelquefois un seul nom. A vue de pif, un journaliste va passer ou heure ou deux à trouver des interlocuteurs. Guère plus.
Si ton nom est dans ce carnet, c'est bien, sinon, tu peux aller te brosser. Une fois qu'ils t'appellent, tu dois répondre. Si tu déclines une ou deux invitations d'affilée, c'est terminé. Ton nom est rayé. Il faut être disponible et presque de suite pour être dans les médias.
Pour avoir l'honneur de figurer dans ce carnet d'adresse, c'est assez nébuleux mais cela passe beaucoup par le réseau, le "copinage", les recommandations.

Par exemple, le premier débat radio auquel l'AIDUCE a participé était sur EUROPE 1. C'est simple : la radio voulait parler de la vape pendant une émission d'une heure, pubs comprises, donc en réalité 35/40 minutes de débat. Pour les questions de sevrage tabagique, la radio avait quelques noms dont celui du Pr Dautzenberg. La radio a donc appelé le professeur, il était dans ce "carnet d'adresse". Il est toujours prompt à répondre présent lorsqu'il le peut. Et puis il est à l'aise, il parle bien, a le sens de la formule. C'est un "bon client".
Mais, pour ce débat, il a demandé aussi à ce que l'AIDUCE soit présent pour que le débat puisse aussi s'ouvrir à la communauté de la vape et ne soit pas cantonné à des débats d'experts.
C'est donc le Pr Dautzenberg qui a largement contribué à ce que l'AIDUCE puisse bénéficier d'un accès d'abord à EUROPE 1, ce qui a fait que le nom de l'AIDUCE a commencé à circuler.
Pourtant, avant cela, il me semble que l'AIDUCE a publié des communiqués envoyés à la plupart des gros médias pour se faire connaître mais cela n'a jamais abouti. En tout cas, pendant que j'y étais. Seule une recommandation du Pr Dautzenberg a permis de débloquer la situation.

Aussi, au vu de ma faible expérience, je ne crois pas que les pros de la vape aient laissé aux cigarettiers le rôle de porte-parole. Simplement, cela fait des dizaines d'années que les cigarettiers font du lobbying. Ils emploient des gens uniquement chargés de cette tâche qui grenouillent autour des politiques, des médias. C'est leur boulot. Certains étaient même des professionnels de la santé. Enfin, les cigarettiers ont des milliards d'euros de côté. Ils peuvent financer n'importe quelle opération sans sourciller.
J'ai vu de mes propres yeux des lobbyistes du tabac avoir leur badge d'accès au parlement européen.
Certains de ces lobbyistes grenouillent donc autour des médias et sont toujours présents pour parler et il est probable que certains aient leur nom sur ce "carnet d'adresses" de certains médias. Aujourd'hui, je pense que les médias sont de plus en plus méfiants vis-à-vis des cigarettiers.
Les professionnels de la vape ont tout intérêt à parler dans les médias si on leur donne l'occasion. Déjà, cela leur fait de la pub gratuitement et la plupart ont bien compris cela.

Franck a écrit:on peut appeler cela "copiner" si on le veut mais cela se discute

Je suis désolé c'est un panier de crabe, tout le monde se connaît.

On a bien vu comment il possible de passer de la présidence d'une asso de défense des vapoteurs à la direction d'un établissement de négoce de produits de la vape.
Je ne cite pas de nom pour éviter que "la pupille dilatée, les adeptes en transe" * déboulent ici pour soutenir leur gourou.

Et laisser les pros faire ce qu'ils veulent sans rien dire (viol de la loi, stratégies marketing agressives) en échange d'un soutien sur des intérêts convergents, c'est copiner je maintiens.

Franck a écrit:au vu de ma faible expérience, je ne crois pas que les pros de la vape aient laissé aux cigarettiers le rôle de porte-parole

Il est vrai que les "clubs" de vapoteurs qui se sont constitués en asso à l'époque pouvaient difficilement anticiper le marché actuel et les forces en présence. Salarier du personnel dédié à la défense des vapoteurs pouvait ne pas sembler pertinent, voir être économiquement impossible.

Par contre comme on le voit aujourd'hui les pros financent et contrôlent l'information destinée aux vapoteurs. Ils auraient très bien pu constituer et salarier des équipes de référence pour les journalistes. Si les cigarettiers ont occupé la place, c'est qu'elle leur a été abandonnée (quand ce n'est pas des linéaires dans les shops).

Je dis pas que cela aurait été la panacée, mais c'était toujours mieux que voir des portes-paroles de la vape issus des rangs des marchands de cancer.

*La religion du Stup - Stupelflip

@Floréal :

Je suis désolé c'est un panier de crabe, tout le monde se connaît.

Que tout le monde se connaisse et se croise ou se parle n'en fait pas forcément un panier de crabes non plus. Tu peux rencontrer quelqu'un, échanger avec lui, le trouver fort sympathique mais, en tant que représentant d'une association, ne jamais perdre de vue les intérêts que tu défends. Sur le papier, cela semble faisable.

On a bien vu comment il possible de passer de la présidence d'une asso de défense des vapoteurs à la direction d'un établissement de négoce de produits de la vape.

Alors là, tu marques un joli point.

Et cela nous permet de faire le lien sur le sujet. Il est vrai que le fait que Brice Lepoutre aille dans le staff de Cigaverte (je crois, à confirmer) après avoir été président de l'AIDUCE contribue certainement génération sans tabac à asseoir son discours que les associations de consommateur sont dans la main des professionnels. En tout cas pas des cigarettiers, comme l'affirme génération sans tabac.
Je signale quand même qu'il s'est passé une longue période entre le départ de Brice Lepoutre de la président de l'AIDUCE et sa prise de fonction chez Cigarette. De mémoire, au moins une année, voire peut-être deux. Mais c'est à confirmer. En tout cas, il n'est pas parti du jour au lendemain prendre un chèque chez Cigaverte.