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Ecigarette-public.com - Le forum de la vape   

Chapitre 3 : La vape est-elle vraiment dangereuse ? (2019)

Administrateur | Publié le ven 7 Fév 2020 - 22:03 | 5189 Vues

Depuis que le phénomène de la vape a explosé, il ne se passe pas un trimestre sans qu’une étude scientifique fasse plus ou moins le tour d’internet en expliquant que la vape est dangereuse. Sans compter les avis « autorisés » de certains experts qui viennent de temps à autre dire tout le mal qu’ils en pensent.
Dans certaines occasions, il est même arrivé que des sites ou des émissions titrent que la vape pouvait être plus dangereuse que le tabac.

En juillet 2019, c’est l’OMS qui s’est distinguée en affirmant que la vape est « incontestablement nocive ». En cette période estivale, il n’en fallut pas plus pour exciter les journalistes avides de « bons sujets » bien anxiogènes pour remplir qui leurs sites, qui leurs journaux télévisés.
Aussi, au début de l’année 2019, 11% des français considéraient la vape comme plus dangereuse que le tabac et 40% d’entre eux comme aussi nocive. En somme, plus d’un français sur deux considère la vape comme aussi ou plus dangereuse que le tabac. (lire ici).

Il est donc grand temps de recadrer les choses, n'est-ce pas ? Alors, c'est parti.

1. Le tabac

Commençons par le tabac. Les experts s’accordent à dire que le tabac tue prématurément un fumeur sur deux. Chaque année dans le monde, environ 5,4 millions de décès sont directement imputés au tabac. En France, il envoie chaque année ad patres environ 66 000 fumeurs. Il s’agit de la première cause de mortalité en France et dans le monde (lire cet article).

En plus d’une mortalité accélérée et rarement dans des conditions sympathiques, le tabac entraîne au fil des années chez de nombreux fumeurs des conséquences plus ou moins graves sur la santé (ou aggravant celle-ci) : des cancers dont on peut heureusement parfois réchapper, de l’asthme, des BPCO, des problèmes cardiovasculaires, et je vous passe toute une liste longue comme le bras de problèmes plus ou moins graves (perte de la capacité respiratoire, perte de la libido, problèmes érectiles, teint jaunâtre ou grisâtre, etc.).

Si le tabac présente un tel degré de risques, c’est parce qu’il est brûlé pour être transformé en fumée et que cette dernière est chargée de monoxyde de carbone, de goudron et de nitrosamines. Les experts estiment que c’est ce trio infernal qui est responsable de la grande mortalité liée au tabac (lire cet article).

Mais il n’y a pas que cela qui est potentiellement mauvais dans le tabac. Sur les quelques 4000 substances chimiques détectées dans la fumée de tabac, une cinquantaine d’entre elles seraient toxiques et/ou cancérigènes. On trouve de l’arsenic, du butane, de l’ammoniac, du méthanol, du Polonium 210 (un élément radioactif !), des insecticides (du DDT). Bref, de quoi récurer n’importe quel poumon, n’importe quelle gorge de fond en comble (lire ici).


Les produits dangereux du tabac :


2. La vape

Au vu de ce qui a été développé dans le premier paragraphe, les choses sont claires : il y a peu de chances qu’un produit puisse être aussi voire plus dangereux que le tabac. Et, selon tous les spécialistes se penchant sérieusement sur la question, ce n’est clairement pas le cas de la vape. D’autant que, contrairement au tabac, dans la vape, le liquide n’est pas brûlé mais chauffé aux alentours des 200/250 °C et donc les vapeurs délivrées par les appareils de vape ne dégagent aucun monoxyde de carbone, aucun goudron et aucune nitrosamine, le cocktail potentiellement mortel présent dans la fumée de tabac (plus d'infos sur les températures dans cette publication du laboratoire de Vincent dans les Vapes, LFLEL, donc appartenant à un pro de la vape mais fournissant des données crédibles et récoupées par cet article en anglais).

Savez-vous que, contrairement à ce que les médias ont pu reporter, même l’OMS reconnaît à demi-mot que la vape est moins dangereuse que le tabac ?
Si, si, je vous assure, c’est même inscrit dans le rapport ayant fait tant de bruit en juillet 2019 que vous trouverez à cette adresse, page 56 (une synthèse en français est disponible ici dans le paragraphe "les inhalateurs électroniques de nicotine". Une traduction en français des pages sur la vape du rapport de l'OMS est dispos là sur le forum) :

« ENDS’ aerosols are likely to be less toxic than cigarettes »

Traduction : les inhalateurs délivrant de la nicotine sont susceptibles d’être moins toxiques que les cigarettes.

OK, je vous l’accorde, on sent un enthousiasme franchement mesuré.

Bon, pensez-vous peut-être, admettons que la vape soit moins dangereuse que le tabac. D'accord, mais est-elle un tout petit peu moins dangereuse, ce qui expliquerait les fortes réserves de l’OMS et n’inciterait clairement pas les fumeurs à se tourner vers elle, ou bien est-elle beaucoup moins dangereuse, offrant ainsi une réduction des risques importante ?
Et c’est là l’une des questions majeures pour la plupart des fumeurs qui souhaitent arrêter le tabac : la vape présente-t-elle une réduction des risques liés à la santé ?

Car, en réalité, sur le plan de la santé, la question de la réduction des risques est la seule qui vaille. En effet, même si on ne fume pas et si on ne vape pas, nous ne devenons pas immortels pour autant. Nous ne sommes pas plus immunisés contre toutes les maladies. D’ailleurs, un cancer du poumon sur 10 est subi par des non-fumeurs (lire ici)! La vie est risquée, quoi qu’on fasse, même si on mène une vie d’ascète. Cela réduit considérablement les risques et augmente grandement les chances de mener une vie saine le plus longtemps possible, c’est certain. C’est l’éternel débat entre la vie que l’on souhaite mener et les risques que l’on souhaite prendre.

Alors, dans tout cela, où se situe la vape ?


C’est le Public Health England, l’organisme étatique chargé de la santé en grande Bretagne qui, le premier en 2015, a réalisé la première comparaison entre les risques tabagiques et les risques liés à la vape. Sa conclusion est claire : la vape serait 95% moins risquée que le tabac (lire cet article).

Bien entendu, cette étude commence à dater, mais le Public Health England maintient ce ratio (ici). Du coup, on peut même le trouver officiellement sur le site du gouvernement anglais sur cette page.

Depuis cette parution, les autorités anglaises estiment que non seulement la vape présente une réelle réduction des risques pour les fumeurs mais qu’elle est aussi efficace pour arrêter de fumer. Au Royaume-Uni, la vape est donc une méthode de substitution tabagique acceptée.

En France en 2016, les associations de lutte contre les addictions et contre le tabagisme se sont réunies lors du premier sommet de la vape. On trouvait le RESPADD (qui fédère tout de même quelques 600 établissements de santé en France, excusez du peu), SOS Addictions, Paris sans tabac, la Fédération Addictions, La Fédération Française d’Addictologie, Tabac et liberté, entre autres. Elles ont reconnu que, « en utilisation normale, les émissions de la vape ont une composition au minimum 20 fois moins toxique que la fumée de tabac. » (lire ce communiqué). En somme, c’est la traduction française des 95% anglais. ;)

Mais, en delà de l'avis de ces associations, certains organismes étatiques valident cette idée de réduction des risques, comme tabac-info-service.fr qui affirme sur cette page (mise à jour 22/08/19):

"En remplaçant la cigarette ordinaire, la cigarette électronique réduit voire supprime les risques de maladies graves comme le cancer. Elle est donc beaucoup moins nocive que la cigarette classique, même si d’autres risques seront peut-être identifiés dans les années à venir."

D'ailleurs, on n'arrête pas tabac-info-service.fr qui va même jusqu'à écrire, pris dans un élan incontrôlé à la limite de l’exaltation en cet été 2019 :

"La cigarette électronique représente un formidable espoir pour les fumeurs "

Ces avis ne viennent pas du ciel. Ils ont été élaborés à partir d’études scientifiques. Citons-en quelques-unes :


Graphique de réduction des risques :


On comprend mieux en découvrant ce graphique la sentence choc du Pr Dautzenberg (lire ce fil de discussion qui regroupe aussi d'autres déclarations) :

"Fumer, c'est rouler à contresens sur l'autoroute. Vapoter, c'est rouler à 140 km/h au lieu de 130 km/h"

Ou encore celle du Pr Dubois de l'Académie française de médecine qui déclare en 2019 :

"Comparer la cigarette électronique et la cigarette classique revient à comparer le pistolet à bouchon et le canon de marine." (à découvrir dans cet article de Vaping Post)

Cela va sans dire, mais mieux en le disant : réduction des risques ne signifie pas suppression des risques. La vape n'est probablement pas anodine. Nos poumons sont faits pour respirer de l'air. Et de l'air pur évidemment (cet article).


Si on reprend le graphique plus haut qui compare les risques des produits de substitution et des produits du tabac, on remarque qu'effectivement vaper est plus risqué que ne pas vaper et ne pas fumer, plus risqué même que le patch ou la gomme de nicotine si cette étude est juste, bien entendu. Mais si on compare les risques de la vape avec ceux du tabac, on peut conclure que c'est peanuts.


C'est peut-être en fait cette différence de point de vue, d'angle de vue qui entraîne des avis divergents parmi les spécialistes de la santé que l'on constate et qui peuvent paraître contradictoires. Celles et ceux qui "regardent le graphique de la gauche vers la droite", comme l'OMS, vous diront : "la vape, c'est plus risqué que ne pas vaper. Il vaut donc mieux ni vaper ni fumer." Scientifiquement, cette affirmation est vraie. Mais, les spécialistes qui regardent le graphique de la droite vers la gauche, comme le Pr Dautzenberg ou le Pr Dubois, vous diront "vous fumez ? Vous fumiez ? Mais d'après ce que l'on sait, la vape c'est beaucoup mieux pour la santé. En tout cas à court terme car on n'a pas de données sur les risques à long terme. Mais, même si vous ne souhaitez pas ou ne voulez pas arrêter la vape, il y a de fortes chances que cela soit mieux que le tabac, de toutes les manières. Tout vaut mieux que le tabac". Ce qui n'est pas faux non plus ! :D


C'est une théorie que je livre à votre sagacité : et si tout cela n'était qu'une énième déclinaison du verre à moitié vide ou à moitié plein ? ;-)


Un questionnement crucial :


3. Le principal risque dans la vape : un business souvent hors de contrôle

Un des arguments majeurs de l’OMS pour ne pas se prononcer sur une potentielle diminution des risques est la multitude des produits existants, que ce soient les appareils de vape ou bien les liquides, ce qui donnent des millions de combinaisons possibles. Or, en fonction du liquide utilisé, de la puissance de l’appareil, de la qualité de la résistance, les risques peuvent être potentiellement bien différents.

Prenons juste l’exemple des liquides. Rien qu’aux Etats-Unis, il y a des milliers de référence, des milliers en France (l'ANSES comptabilise environ 40000 références !) . Et, dans les boutiques physiques ou en ligne, on se rend compte que les liquides viennent de partout : USA, France, Philippines, Malaisie, Allemagne, Angleterre, Italie, Chine, etc.

Or, il n’existe en France qu’une réglementation spécifique et une norme :

- la réglementation européenne spécifique aux produits de la vape ne concerne que les liquides avec nicotine. Elle oblige les fabricants à déclarer leurs produits et à fournir des informations détaillées sur la composition exhaustive, sur les risques et les effets secondaires, etc. Il suffit à un fabricant de liquides de ne pas proposer à la vente de liquides avec de la nicotine pour échapper totalement à cette directive et la réglementation qui en découle ;

- les normes AFNOR. Certes, ces dernières sont perfectibles, probablement réservées qu’aux acteurs ayant les moyens de les appliquer, mais elles ont le mérite d’exister, de cadrer la fabrication du liquide et donc d’apporter quelques garanties rassurantes à l’utilisateur intéressé par les questions de santé. A ce jour, seuls 4 fabricants sur plus d’une centaine proposent à la vente des liquides certifiés AFNOR : Vincent dans les Vapes, Alfaliquid, The Fuu et Dlice. Mais ce sont des acteurs majeurs du marché français du liquide.

Donc, dans chaque magasin, on trouve des dizaines de produits échappant à la règlementation européenne et ne répondant à aucune norme spécifique concernant l'élaboration et la fabrication. Chaque semaine, de nouvelles gammes apparaissent, de nouveaux fabricants tentent de se faire une place au soleil. Et les vapoteurs ne sont absolument pas assurés de savoir ce qu’ils vapent et de ce qu’ils inhalent. Peu de fabricants proposent une composition exhaustive. Ils se contentent d’indiquer comme substances : propylène glycol, glycérine (quelquefois du mono propylène glycol végétal ou bien du végétol), nicotine, arômes alimentaires. Y a-t-il des additifs ? Des colorants ? Du sucre ajouté ? Combien d’arômes sont utilisés ? Lesquels ? :perplexe:

Pourtant, sur le plan de la santé, ces questions sont essentielles. Car plus un liquide comporte d’ingrédients et plus il y aura de substances chimiques dans la vapeur que nous inhalons, quelquefois des substances pourraient même être créées par la combinaison de plusieurs substances présentes dans le liquide au moment de la transformation en vapeur.
En somme, plus un liquide est simple dans sa composition et moins le risque est élevé. A contrario, plus la composition est complexe et plus le risque pourrait s’élever sans probablement rejoindre les risques liés au tabagisme.

Dans la vape, le risque majeur est probablement là : devant la profusion de fabricants, de liquides, qui peut certifier qu’il n’existe pas un fabricant peu scrupuleux présent sur le marché français mettant n’importe quoi dans les liquides ? Qui peut être assuré qu’aucun d’entre eux ne rajoute à fond les ballons des dizaines d’arômes, des additifs, du sucre afin de vendre le liquide le plus riche, le plus complexe, le plus agréable ?

Ce risque n’est pas une vue de l’esprit. Il suffit de lire la composition des produits alimentaires transformés par l’industrie agro-alimentaire pour se rendre que peu de fabricants hésitent à ajouter sel, sucre, colorants, additifs, matières grasses, glucide et lipide pour rendre les produits les plus attractifs possibles. Il n’y a aucune raison pour que, sans réglementation particulière et sans obligation des fabricants de donner aux utilisateurs la composition exacte et exhaustive, la vape y échappât.

Enfin, les plus vieux vapoteurs se souviennent certainement des affaires sur le diacétyle, substance pouvant potentiellement endommager les poumons à hautes doses. Depuis que la vape s’est développée, de nombreux fabricants ont affirmé ne jamais utiliser de diacétyle. Et on les a cru. Or, quelques affaires ont permis de faire éclater au grand jour le fait que ce n’était pas toujours le cas (lire ce billet sur le forum).

J’ai détaillé la situation sur les liquides mais des questions similaires peuvent se poser sur le matériel. Les matériels d’entrée de gamme ou moyenne gamme sont fabriqués par des entreprises chinoises. Il en existe des dizaines. Ces derniers sortent très régulièrement de nouveaux matériels, 3 ou 4 par an au bas mot. Comment sont faits ces matériels ? Plus précisément, comment sont fabriquées les résistances qui jouent un rôle essentiel dans le processus de transformation de liquide en vapeur ? Sont-elles toujours de bonne qualité ou non ? En effet, si la résistance n’est pas correctement fabriquée, alors elle peut se désagréger sous l’action combinée de la chauffe et de son bain prolongé dans le liquide, libérant ainsi des particules de métaux lourds qui nous inhalerons ensuite.

Alors, comment faire pour minimiser les risques avec la vape et s’approcher du degré de risque identifié dans le chapitre 2 ?


4. Une condition sine qua none de diminution des risques : l’arrêt du tabac

La première chose à faire pour diminuer drastiquement les risques liés au tabac est d’arrêter de consommer ce dernier. Attention donc à une idée reçue : lorsqu’on a fumé des années et que le tabagisme est bien installé, les experts affirment que diminuer le nombre de cigarettes quotidiennes fumées ne réduit pas d’autant le risque sur la santé. Cela réduit un peu les risques mais pas forcément beaucoup (lire cet article de Top Santé).

Prenons un exemple : si vous aviez l’habitude de fumer 20 cigarettes par jour pendant 20 ans et que vous passez à 2, vous ne divisez pas votre risque sur la santé par 10. En réalité, il ne diminue presque pas, car ce qui compte alors c’est la durée de tabagisme. Le compteur continue à tourner.

Mais ne vous découragez pas : passer de 20 cigarettes par jour à deux est déjà une excellente chose, cela signifie que vous changez vos habitudes et que vous êtes sur la voie de l’arrêt. Vous vous approchez du but. C’est donc très positif. Mais, si vous souhaitez diminuer votre risque sur la santé, il faut viser l’arrêt du tabac.
Prenez votre temps, ne vous précipitez pas, prenez 6 mois, un an. Mais gardez à l’esprit l’arrêt définitif du tabac.

Si vous passez à la vape et que vous fumez encore quelques cigarettes au bout de quelques mois, tentez de voir pourquoi vous avez encore besoin de ces dernières. Est-ce psychologique ? La peur du changement ? La vape est-elle une méthode faite pour vous ? Est-ce que votre matériel n’est pas assez puissant, pas assez d’autonomie donc contraignant à l’usage ? Que votre taux de nicotine est trop bas ?
On constate souvent ce phénomène chez certains fumo-vapoteurs : ils utilisent un bas taux de nicotine, sous prétexte que la nicotine serait dangereuse pour la santé mais continuent à fumer. Certains souhaitent même baisser encore plus le taux de nicotine dans les liquides. Cela ne fait pas un pli : leur consommation tabagique augmente d’autant et, au bout d’un moment, c’est un retour au tabagisme total qui est observé.

Rappelez-vous une chose : on ne meurt pas de l’arrêt du tabac. Le sevrage tabagique n'a jamais tué personne. Et la vape est une arme efficace pour vous aider, elle vous apportera un geste à peu près similaire, de la nicotine (que vous devez doser suffisamment pour ne pas être en manque), de la vapeur. Si vous utilisez le matériel adéquat, elle sera une alliée vous permettant d’éviter au maximum les manques et de vous assurez la transition la plus douce possible.

Vous êtes passés à la vape et vous avez craqué pour une ou deux cigarettes ? Pas de souci. Cela peut arriver. Ne vous découragez pas parce que vous avez craqué. Logiquement, après une période, même courte de quelques jours à vaper exclusivement, le fait de fumer une cigarette devrait vous écœurer et devrait vous rappeler vos premières taffes. Alors, revenez bien vite à la vape. Car si vous continuez à fumer en vous disant que vous avez échoué, vous retournez au tabagisme.

Un dernier conseil pour l’arrêt total du tabac. Lorsque vous passez à la vape et que vous constatez que la méthode fonctionne, investissez rapidement dans du matériel et du liquide en stock afin de ne pas vous trouver dépourvu si votre matériel lâche et que vous vous retrouvez sans résistance ou sans liquide. Sinon, vous retournez très certainement au bureau de tabac le plus proche.


5. La vape, ce n’est pas forcément comme le cochon, tout n’est peut-être pas bon

Si on a coutume de dire que tout est bon dans le cochon, il n’est pas certain que cet adage puisse s’adapter totalement à la vape. Il y a des dizaines de façons de vaper et, si elles apportent toutes un plaisir différent, elles ne semblent pas toutes être sur le même plan d’égalité en matière de réduction des risques, selon les premières études que nous avons à notre disposition. Voici donc quelques conseils :

- si vous utilisez des résistances toutes faites, changez-les très régulièrement. Dès que l’on sent que le goût est moins bon, qu’il y a moins de vapeur, cela veut dire que votre résistance se dégrade et donc que, potentiellement, des résidus du métal présent sur la résistance peuvent se détacher des fils et imprégner le liquide. Surtout, ne faites pas durer plus que de raison votre résistance pour faire des économies, vous n’en ferez probablement pas sur le plan de la santé. Bien entendu, on parle ici de traces, de résidus, mais autant les éviter, non ? ;

- si possible, orientez-vous vers liquides certifiés AFNOR. Cette norme n’a pas la panacée, elle est perfectible, présente uniquement sur le marché français (désolé pour les francophones en dehors de l'hexagone), manque de transparence, et le forum a identifié quelques manques mais, dans l’ensemble, elle permet de savoir à peu près ce que l’on vape ainsi que l’assurance que des contrôles réguliers sont réalisés. C’est mieux que rien. Vous trouverez ce fil de discussion plus de détails sur ce que la norme AFNOR contient. Vous trouverez ensuite la liste des liquides à cette adresse. A ce jour, 4 fabricants français proposent des liquides certifiés : Vincent dans les Vapes, Alfaliquid, Dlice, The Fuu. A ma connaissance, aucun liquide étranger n’est soumis à une norme équivalente ;


Certification AFNOR


- en dehors des normes AFNOR, privilégiez les liquides nicotinés dans des flacons de 10 ml. Ces liquides doivent être déclarés et les fabricants doivent fournir un dossier précis comportant notamment la composition exacte. Cela doit empêcher en partie de faire n’importe quoi et limite les risques que certains fabricants intègrent des substances douteuses. A défaut de répondre à des normes spécifiques et d’être contrôlés régulièrement, ces liquides sont déclarés et donc potentiellement sous surveillance (lire l’article R3513-5 du décret d’application disponible ici) ;

- privilégiez le plus possible les liquides ayant peu d’arômes, voire des liquides mono-arômes. Faites attention aux liquides à la cannelle, au menthol ou les liquides crémeux et restez vigilant sur la consommation de ces derniers. En effet, des doutes ont été émis sur ces liquides, même si, pour le moment, il n’y a aucune certitude à ce jour et certaines études sont contestables (cet article par exemple) ;

- si vous utilisez des liquides déjà préparés, faites attention à ne rien ajouter de plus (hormis la nicotine si vous vous achetez des fioles sans nicotine). Pas d'huiles essentielles, de vitamines, d'additifs de toutes sortes, de colorants ou d'autres choses plus ou moins bizarre pour faire un produit plus "sympa". Vous risqueriez d'introduire des substances qui n'ont pas été prévues et étudiées pour être vaper et ce sera alors à vos risques et périls. Dans son livre "la cigarette électronique - enfin la méthode pour arrêter de fumer facilement", le Dr Presles relève que les deux cas de complication pulmonaire (pneumonie lipidique) recensés avec la vape ont été observés chez des vapoteurs ayant ajouté des huiles dans leur liquide. A bon entendeur... ;) Bien entendu, n'ajoutez évidemment aucune substance illégale ou douteuse, comme le THC, pour se défoncer. Il y a de fortes chances que vous transformiez la vape en "canon de marine" pointé sur vous, pour reprendre l'expression du Pr Dubois. La vape a été inventée pour arrêter de fumer, toute autre utilisation est sous votre seule responsabilité (en savoir un peu plus sur l'affaire américaine).

- faites attention à ne pas utiliser un couple tension/puissance trop élevé. Si vous achetez un appareil qui se règle automatiquement, comme un système à pods, vérifiez toujours l'information de la tension en sortie. En effet, le Dr Farsalinos, très bon connaisseur du vapotage, a publié en 2017 une étude montrant qu’au-delà de 4 volts, il semble qu’il y ait, dans certaines circonstances, création de formaldéhyde, d’acroléine, d’acétone et d’acetaldéhyde. Ces substances pourraient avoir potentiellement des conséquences sur la santé. Cependant, pas de panique : les taux observés par le Dr Farsalinos se situent a priori à des taux inférieurs à ce que délivre la fumée de cigarette et aux seuils de dangerosité édictés par l'OMS (plus d'infos sur ce fil de discussion ou ici en anglais). De plus, ces travaux sont un peu anciens et ont été réalisés sur du matériel plus guère disponible à la vente. Il se peut que les choses soient différentes avec du matériel de dernière génération. Enfin, ces résultats sont très discutables (et discutées y compris sur le forum :D ). Mais, à ma connaissance, aucune étude nouvelle n'est venue contredire ces résultats ;

- faites attention aux liquides ayant un fort taux de glycérine (plus de 70%). En effet, certains vapoteurs ont constaté que des liquides fortement glycérinés (80, 90 ou 100%) pouvaient entraîner une gêne respiratoire, quelquefois une toux plus ou moins persistante. Enfin, les vapoteurs constatent qu’un liquide fortement glycériné laisse des dépôts de gras sur les vitres. Il se peut qu’un tel dépôt se fasse aussi sur les poumons. Pour l’instant, il s’agit juste d’un doute issu des retours de certains utilisateurs mais prudence est mère de toutes les vertus (lire ce fil de discussion sur la glycérine et les voies respiratoires et celui-ci sur le dépôt de matières graisseuses) ;

- faites attention aux très basses résistances (inférieures à 0,5 ohm) surtout si cette utilisation est couplée avec une forte puissance. En effet, plus on utilise des résistances basses, souvent dans des atomiseurs qui procurent une vape aérienne, plus on consomme de liquide et plus on inhale de la vapeur par rapport à des vapoteurs qui utilisent une vape classique avec de fortes résistances. Aussi, plus grande consommation dit, mathématiquement, plus de chances d’inhaler de substances douteuses (lire le chapitre en anglais de ce vendeur ici) . De plus, la pratique du sub-ohm est souvent associée avec des liquides fortement dosés en glycérine, ce qui nous ramène au point précédent. Enfin, le sub-ohm exige souvent une puissance élevée pour faire fonctionner la résistance et donc peut-être une tension plus forte. Et l’on revient au point sur la tension évoquée plus haut. En fait, la pratique du sub-ohm peut, si on n'y prend pas garder, favoriser la plupart des comportements potentiellement à risques plus élevés soulignés précédemment : plus de vapeur, donc potentiellement plus de substances inhalées, plus de glycérine végétale, plus de puissance donc peut-être une tension plus élevée, etc.

Pour résumer, en dehors de l’utilisation des liquides certifiés AFNOR, il y a de fortes chances que l’application de l’ancien précepte « tout excès ayant coutume d’être mauvais » soit adaptée à la vape, comme à beaucoup de choses dans la vie si l’on réfléchit bien. Trop d’arômes ? Sympa pour le palais mais probablement pas pour notre santé. Trop de glycérine ? Une tension trop élevée ? Des résistances très, très basses ? Ben, probablement pas top non plus. Bien entendu, tout cela reste encore à démontrer et, de plus, on reste à un niveau de risques a priori toujours sensiblement inférieur à celui du tabac. Mais si votre intention est de faire attention à votre santé, ces points ne doivent pas être perdus de vue et leur pratique réalisée avec vigilance et, si possible, parcimonie jusqu’à ce que toute la clarté soit faite sur les points cités.

En conclusion, il semblerait que la vape présentant les risques les moins élevés soit la vape classique, avec une tension contenue, des résistances hautes (de plus de 1 ohm) que l’on change régulièrement dès les premiers signes de fatigue de cette dernière sans attendre, avec des liquides contenant peu d’arômes, voire un seul, et présentant un ratio à peu près équilibré entre glycérine et propylène glycol.


 Une étude intéressante...

6. La réduction des risques ultime : l’arrêt de la vape

Une possibilité que les détracteurs de la vape ne citent jamais : comme on peut arrêter le tabac avec la vape ou d’autres méthodes de sevrage, on peut aussi arrêter la vape. En proposant des liquides à différents niveaux de nicotine, en règle générale de 20 mg/ml à zéro, on peut donc, si on le souhaite, diminuer progressivement son taux de nicotine afin de vaper sans nicotine ou bien arrêter la vape en arrêtant par paliers successifs toujours plus faciles à gérer qu’un arrêt brutal susceptible d’entraîner des manques. Selon ses envies et ses objectifs, ou parce que ces histoires de risques vous inquiète, la vape peut être une méthode utilisée temporairement. Il est évident qu’une fois que l’on a arrêté le tabac, puis ensuite la vape, on revient progressivement au fil des ans vers un taux de risque équivalent à celui supporté par des non-fumeurs.
Oui, trois fois oui, il est tout à fait possible d'arrêter la vape pour celles et ceux qui le souhaitent et sans forcément développer des efforts surhumains. Nous commençons à avoir certains témoignages en ce sens, vous pourrez les découvrir ce fil de discussion.

Si c'est votre objectif, prenez votre temps. Si vous souhaitez vaper sans nicotine pour lutter contre l’addiction ou encore arrêter la vape, ne vous précipitez pas au risque de créer des manques difficilement gérables. Commencez à descendre votre niveau de nicotine une fois que votre arrêt du tabac est bien derrière vous et que vous vous sentez stabilisé(e), sans manque, avec un matériel et des liquides qui vous conviennent. Choisissez aussi une période dans laquelle vous êtes bien mentalement et psychologiquement.

Une fois que vous aurez descendu votre taux de nicotine (par exemple de 16 mg/ml à 12), vous devriez constater que vous vapez beaucoup plus dans les premiers jours. Cette situation est normale. En effet, comme avec taffe de 12 mg/ml, vous consommez moins de nicotine qu’avec du 16 mg/ml, votre corps ressentira le besoin de compenser afin de retrouver le volume de nicotine qu’il avait l’habitude d’avoir. Cette sensation s’amenuise normalement au fil des jours. Une fois que vous arrivez à consommer autant de liquides avec votre nouveau palier qu’avec l’ancien, donc que vous avez stabilisez la situation, vous pouvez envisagez de baisser de nouveau, jusqu'à votre ultime objectif.

Merci de m'avoir supporté jusque là et bonne vape à toutes et tous !


PS : le dessin sur les chercheurs et les souris est fourni par @Leio (ici)


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