comment on nous désinforme : exemples de France Soir et Ouest France

S'il y a des choses qui n'ont pas changé depuis le 19 mai, c'est la facilité avec laquelle certains médias désinforment, volontairement ou pas, leurs lecteurs.

C'est le cas de France Soir et Ouest France.

Ces derniers publient un article sur l'ordonnance parue dans les premières heures blafardes d'un funeste vendredi 20 mai. les amateurs de poésie pourront découvrir cette ordonnance ici.

Mais très vite, cela dérape. France Soir et Ouest France affirment que les produits de la vape sont considérés comme des produits du tabac. France Soir va même jusqu'à citer la définition du tabac selon cette directive :

"Sont considérés comme produits du tabac les produits pouvant être consommés et composés, même partiellement, de tabac, qu'il soit ou non génétiquement modifié", est-il écrit. Or, "la propagande ou la publicité, directe ou indirecte, en faveur du tabac, des produits du tabac, ainsi que toute distribution gratuite ou vente d'un produit du tabac à un prix inférieur à celui qui a été homologué"

Le site laisse entendre que cette définition s'applique aux produits de la vape.

Sauf que c'est faux.
Les produits du tabac sont traités dans le chapitre II du titre I de cette ordonnance et les produits de la vape dans le chapitre III du même titre. Il y a même une définition des produits de la vape :

"Sont considérés comme produits du vapotage :
« 1° Les dispositifs électroniques de vapotage, c'est-à-dire des produits, ou tout composant de ces produits, y compris les cartouches, les réservoirs et les dispositifs dépourvus de cartouche ou de réservoir, qui peuvent être utilisés, au moyen d'un embout buccal, pour la consommation de vapeur contenant le cas échéant de la nicotine. Les dispositifs électroniques de vapotage peuvent être jetables ou rechargeables au moyen d'un flacon de recharge et d'un réservoir ou au moyen de cartouches à usage unique ;
« 2° Les flacons de recharge, c'est-à-dire les récipients renfermant un liquide contenant le cas échéant de la nicotine, qui peuvent être utilisés pour recharger un dispositif électronique de vapotage."

Remarquez qu'à la lecture de cette définition, les amateurs de mods mécaniques découvrent avec horreur qu'un mod méca, par essence non électronique, n'est pas un produit de la vape. Dans un sens, c'est pas mal, l'ordonnance ne devrait pas les concerner.

La France, et c'est à noter, a fait l'effort dans ce texte de séparer les produits du tabac et les produits de la vape, même si apparemment certains journalistes ne savent pas lire.
Mais il reste un problème de taille qui introduit la confusion et permet aux journalistes de se mélanger les pinceaux ou de se précipiter joyeusement dans la brèche (choisis ton camp, ami lecteur):

Que ce soient les produits du tabac ou les produits de la vape, tous sont rassemblés dans un grand titre intitulé "lutte contre le tabagisme". Ainsi utiliser un produit de vape n'aide pas à lutter contre le tabagisme. Encore plus fort : en appliquant des mesures restrictives à la vape, l'Etat lutte contre le tabagisme. Argument ridicule : un vapoteur exclusif qui a arrêté le tabac n'est donc techniquement plus un fumeur de tabac !
Notons que cette approche n'est pas nouvelle. Elle calque celle de la directive européenne sur les produits du tabac et les produits connexes. Laquelle directive traduit la philosophie de l'OMS pour la grande joie des cigarettiers : la vape n'aide pas à arrêter le tabac. Pire même la vape sabote la stratégie de lutte anti-tabac de l'OMS. 

Enfin, appliquer à la vape les mêmes restrictions que le tabac (interdiction dans certains lieux publics, interdiction de publicité, interdiction de vente aux mineurs) contribue encore plus à apporter la confusion dans l'esprit du public : si on applique les mêmes restrictions, c'est que c'est bonnet blanc et blanc bonnet !

Donc, les produits de la vape restent des produits de consommation courante, n'en déplaise à France Soir et Ouest France, c'est pour cela qu'ils ne sont pas vendus que par les buralistes qui ont le monopole de la vente des produits du tabac. Cependant, on applique à ces produits de consommation courante des mesures identiques au tabac, vidant ainsi le statut de sa substance de consommation courante . Puis,  on prend le soin d'apporter une distinction dans l'ordonnance entre produits de la vape et produits du tabac, tout en mettant tout cela ensuite dans un même sac appelé "lutte contre le tabagisme."
Ca va, vous suivez ?    Mais bon courage pour expliquer cela à vos voisins ou vos collègues !

Bonne lecture quand même et bonne vape !  

J'ai lu l'article de Ouest-France et n'avait pas relevé l'erreur.
D'ailleurs, dans leur cas, je parlerais plus de malinformation que de désinformation, même s'il s'agit d'une grosse erreur.

Et j'ai surtout vu les passages en gras :

C'est une censure extrêmement violente qui va nous interdire complètement de communiquer auprès de nos clients ; or, le vapotage est un moyen efficace de réduction du risque tabagique et nous considérons que tout ce qui peut mettre les fumeurs français à distance des produits du vapotage est une mauvaise décision », a expliqué à France 3 Jean Moiraud, président de la Fédération interprofessionnelle de la vape (Fivape).

« De graves périls pour l’information des fumeurs »
« L’assimilation de la vape aux produits du tabac conventionnels (...) relève du grotesque, par la mise sur un pied d’égalité du poison et de l’antidote », a précisé, pour sa part, la Fivape dans un communiqué publié vendredi.

Une fédération qui assure également que la « transposition de la directive européenne engendre de graves périls pour l’information des fumeurs », alors que la « vape a déjà permis à un million de Français de cesser leur consommation de tabac ».

@GillesLL :

Tu noteras que je n'affirme pas que c'est fait exprès. Cela peut effectivement être qu'une bête erreur.  Il est difficile de conclure parce que ce texte ils l'ont lu, étant donné qu'ils donnent le lien, ils donnent la parole à certains acteurs.  Et il y a deux médias au moins voire plus qu'ils l'ont faite. 
J'explique d'ailleurs comment la confusion peut arriver.  Il n'empêche qu'une erreur comme cela, même non volontaire, contribue à ne pas informer correctement, donc à désinformer.
Et puis erreur, erreur.  C'est juste mon avis mais j'estime qu'on est ici en présence d'une faute grave en matière d'information, surtout lorsque les journalistes ont les sources qu'ils n'ont plus qu'à lire.

Je reste assez perplexe devant tant de desinformations car apres tout rien nous prouve que cela n'as pas eté orchestrer sciemment par le pouvoir politique, n'oublions pas que beaucoup de medias et donc la presse est aux ordres de l'executif et de plus actuellement beaucoup de journaux subsistent grace aux subventions de l'etat.

merci Franck pour le sujet, ça m'a fait sourire...
Il faut bien que les journalistes de ces torchons justifient leur paies

Navrant...


Ca ne changera donc jamais? De la désinformation à tout bout de champ: on commence à avoir l'habitude en même temps!

France Soir a écrit:"Jusqu'à présent, la cigarette électronique bénéficiait d'un avantage par rapport aux autres produits du tabac: elle avait le droit d'en assurer la publicité, y compris à la télévision. Mais une ordonnance parue vendredi 20 dans le Journal Officiel sonne désormais le glas de ce privilège."

Je me suis arrêté là...