Cour des Comptes, lutte contre la tabagisme et cigarette électronique

Bonjour à tous et bises aux dames

La Cour des Comptes vient de publier un solide rapport (plus de 300 pages au garot) sur la politique de lutte contre le tabagisme menée par l'Etat principalement et ses résultats peu concluants. Ne vous attendez pas à des développements sur les méthodes de sevrage délivrées par les laboratoires pharmaceutiques. Angle qui manque incontestablement pour avoir une vision exhaustive. Le rapport est à lire ici. Bon courage !
Pour les ex-fumeurs nostalgiques ou celles et ceux qui en grillent encore quelques unes, voici un rapide résumé de la chose :

"Le Premier président de la Cour des comptes, Didier Migaud, a présenté les principaux enseignements qui peuvent être tirés de ce rapport au cours de son audition devant le comité d’évaluation et de contrôle.

Selon lui, les quatre enseignements principaux sont les suivants :

• les risques liés au tabagisme sont gravement sous-estimés par la population, alors que le tabagisme connaît une inquiétante progression en particulier chez les femmes, les jeunes et les personnes en situation de précarité ;

• malgré les enjeux, la volonté de l’Etat a fléchi et une véritable politique de lutte contre le tabagisme n’a pas été structurée ;

• les moyens de l’Etat ont été mobilisés de façon trop importante pour le soutien aux buralistes. Ce constat, combiné avec le moratoire fiscal décidé par les pouvoirs publics, met en évidence le poids toujours important des intérêts économiques et financiers qui viennent émousser les efforts de lutte contre le tabagisme ;

• l’action de l’Etat devrait être redéployée en faveur de la prévention, de l’aide à l’arrêt du tabac et du renforcement des contrôles sur les interdictions de vente aux mineurs ou de fumer dans les lieux publics notamment."

Mais la Cour des Comptes aborde aussi rapidement le cas des cigarettes électroniques. Comment dire, on ne sent pas un enthousiasme délirant. En tout cas, la Cour ne présente pas la e-cig comme un moyen de lutter contre le tabac, même si elle garder un recul de bon aloi (cf. page 34) qui n'échappe malheureusement pas à des raccourcis très... raccourcis :

"Quant aux «cigarettes électroniques», elles ne sont pas considérées comme des traitements par substituts nicotinique (TSN) et les avis divergent aussi bien sur leur efficacité en termes de sevrage que sur leur éventuelle nocivité. En France, leur statut au regard de la réglementation des médicaments reste peu cohérente . En tout état de cause, dans un souci de prudence sanitaire, l’AFSSaPS a dès mai 2011 déconseillé l’usage de la cigarette électronique et l’Ordre des pharmaciens a de son côté souligné que ces ventes en pharmacie n’étaient pas autorisées24. Au plan européen, la France a pris parti en faveur d’une politique de dissuasion de l’usage de la cigarette électronique."

Enfin, une note de bas de page donne généreusement une petite définition (toujours page 34) :

"La cigarette électronique consiste en un tube ressemblant à une cigarette conventionnelle. Elle contient une cartouche rechargeable. Selon la quantité de nicotine contenue dans la cartouche, et la concentration de nicotine contenue dans la solution de recharge, la cigarette électronique est considérée comme un médicament ou comme un produit de consommation ordinaire. Celles supposées être des médicaments n’ont néanmoins pas fait l’objet d’une demande d’autorisation de mise sur le marché."

Je pense que vous apprécierez comme moi le coup du tube ressemblant à une cigarette conventionnelle que nous sommes très nombreux à ne pas utiliser, le coup de la cartouche rechargeable. Enfin, qui a dit que la cigarette électronique était un médicament ? Ce n'est pas parce qu'elle est vendue dans certaines pharmacies (malgré les multiples mises en garde de l'AFSSAPS, aujourd'hui ANSM) qu'elle est un médicament ! Ou alors tous les produits vendus en pharmacie sont des médicaments (brosses à dents, shampooing, préservatifs).
Enfin, ce n'est pas parce qu'elle aide certains à se sevrer du tabac qu'elle est un médicament. Certains prétendent bien avoir arrêté de fumer après avoir lu le livre d'Allen Carr, le livre est-il un médicament ?

Ceci dit, ne jetons pas la pierre ; la Cour n'a pas fait un rapport sur les e-cigs, elle n'a donc pas fait des études très poussées sur elle, le rapport de la Cour est le fruit d'un travail somme toute intéressant. Même si je ne suis pas toujours d'accord avec ses recommandations et ses conclusions, c'est une mine d'informations et de données difficilement contestable. On y apprend plein de choses intéressantes mais je n'ai pas tout lu


Bonne lecture (pour les plus aventureux ) et bonne vape !

La cigarette électronique consiste en un tube
ressemblant à une cigarette conventionnelle. Elle contient une cartouche
rechargeable.

S'ils savaient avec quoi on vape vraiment
J'espere qu'il ne finiront pas par interdire la e-clope en France.
Bon, je retourne a la lecture (un petit peu hein ! )

La cour des comptes émet souvent de bons avis. Avis qui dérangent souvent d'ailleurs
Maintenant il est sur que ses membres ne sont pas au fait de ce qu'est l'e-cigarette... Mais, vu l'image véhiculé, ici et là, par nos médias, je ne pense pas qu'il puisse en être autrement à l'heure actuelle...
Il est néanmoins fort intéressant de constater qu'elle semble accrocher durement l'Etat sur le rapport gain/perte des campagnes anti tabac...
A suivre...

Ouaip, je suis d'accord, les rapports de la Cour méritent incontestablement d'être plus connus qu'ils ne le sont. Elle appuie souvent là où c'est fait mal
Les données sur lesquelles elle s'appuie peuvent difficilement être remises en cause et ne le sont d'ailleurs que très rarement. Les travaux sont donc solides et furieusement étayés. Donc les recommandations souvent pertinentes et intéressantes. Bon, elle s'intéresse essentiellement à l'action de l'Etat (ministères, organismes publics) et c'est son rôle mais dans le cadre de la lutte contre le tabac et les résultats limités, l'Etat n'est peut-être pas le seul responsable.
Le manque de résultat de certains médicaments délivrés par des labos dont certains bénéficient d'un remboursement (donc de l'argent public) me parait aussi être un facteur important.

Franck a écrit:Le manque de résultat de certains médicaments délivrés par des labos dont certains bénéficient d'un remboursement (donc de l'argent public) me parait aussi être un facteur important.

C'est tellement criant de vérité ça Franck, oui !
Mais c'est tout de même un organisme d'état qui décide des remboursements, non ?

En gros ils disent qu'il faut arrêter de sécher les larmes des buralistes avec des billets de banque et qu'il serait plus judicieux de consacrer cet argent à la lutte contre le tabagisme, c'est assez censé ...