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Ecigarette-public.com - Le forum de la vape   

Le baroud d'horreur.

Franck | Publié le dim 6 Sep 2020 - 17:08 | 896 Vues

1. Une vape qui s'installe mais qui dérange.


12 ans.

Cela fait maintenant plus de 12 ans que la vape se développe en Europe. Un peu plus aux USA qui ont, semble-t-il, été les premiers à s’intéresser à ces étranges objets produisant de la vapeur. Bien entendu, entre 2007 et 2012, le nombre de vapoteurs étaient très limité et la pratique plutôt confidentielle, mais elle existait tout de même. Le forum peut en témoigner. 

12 ans, ce n’est pas anodin. Puisque c’est suffisant pour commencer à savoir si la vape est efficace pour arrêter de fumer. Parce que c’est suffisant pour avoir les premiers retours sur la santé. Et plus les années vont passer, plus les spécialistes de la santé pourront avancer dans la connaissance scientifique sur le sujet.

Alors je vous livre une hypothèse, qui n’est à prendre que comme telle.  

Les opposants à la vape, que ce soit par idéologie, comme l’OMS qui considère que l’usage de la nicotine sous forme récréative n’est pas une option (lire ce rapport de l'OMS page 13), ou bien par intérêt financier, parce que lorsqu’on vend des patchs ou des gommes ou bien des cigarettes, savent certainement que les années qui viennent vont être cruciales. S’il s’avérait que la vape était efficace, sensiblement moins dangereuse que le tabac, facile et en plus agréable, alors on ne pourrait pas l’arrêter.

C’est donc maintenant qu’il faut tuer la vape. C’est maintenant qu’il faut faire en sorte que les fumeurs aient peur d’essayer ou de continuer s’ils ont eu le malheur de franchir le pas. C’est maintenant qu’il faut les orienter sur les méthodes de sevrage classique. Car, si cela se trouve, dans 5 ans, ce sera trop tard.

Et c’est bien l’impression que donne l’incroyable séquence estivale que nous venons de vivre.


2. L'OMS : je ne sais rien mais je dirai tout.


Cela a commencé en juillet, l’OMS déclarait qu’on n’avait pas assez d’éléments pour savoir si la vape était efficace. Ah bon ? D’abord c’est faux, il existe des études indiquant que la vape est un moyen de sevrage qui peut être efficace. Les organisations françaises ont communiqué en juin 2019 pour dire qu’on estime que 700 000 fumeurs français ont arrêté le tabac pour la vape depuis l’apparition de cette dernière.

Nous n’avons pas besoin d’études scientifiques pour nous expliquer qu’un ciel sans nuage est souvent bleu. Je n’ai pas besoin qu’un scientifique m’explique que je n’ai pas touché une clope depuis 2011.

Bien entendu, des études sont nécessaires pour évaluer le niveau d’efficacité et comparer avec d’autres méthodes mais pas pour vous indiquer que vous avez effectivement cessé le tabac !

Sur sa lancée, l’OMS déclarait dans le même rapport (à découvrir ici):

« bien que le niveau spécifique du risque associé aux ENDS ne soit pas estimé de manière concluante, les ENDS sont incontestablement nocifs».

En somme, je n’ai pas de preuve mais j’affirme. Concept certainement passionnant mais très discutable sur un plan scientifique.

Notons que la plupart des médias reprendront cette phrase. Plus exactement la dernière partie. Il n’y avait pas de place dans les articles pour citer le début de la phrase qui énonce le manque de preuves. C’est dommage car ce début de phrase entraîne à relativiser l’affirmation péremptoire de la dernière partie !

L’affaire américaine, les malades et malheureusement les décès scandaleux d’américains pensant prendre un produit sans trop de danger voire inoffensif ont permis de donner de la consistance aux propos de l’OMS.


3. Une crise sanitaire qui tombe à pic.


Soyons clairs: je ne dis pas qu’il y a complot et que les différents détracteurs de la vape se sont entendus en catimini. Simplement que les professionnels de la santé qui tiennent le même discours que l’OMS et qui sont sur la même ligne ont dû se dire, en constatant les premiers cas : « voilà la preuve de la nocivité de la vape ! Voilà les preuves que l’on cherche ! La vape tue. » Il faut y aller, il faut convaincre et maintenant.

Par exemple, voici ce que déclarait la directrice du département de la santé de l’Illinois, le Dr Ngozi Ezike dès les premiers jours (lire ici) :

« La gravité de la maladie dont souffrent les gens est alarmante. Il faut que tout le monde sache que les cigarettes électroniques et le vapotage peuvent être dangereux. »


Ces propos ont été repris par de nombreux médias à travers le monde. Ils ont donné le « la ». Ils ont inspiré des très nombreux titres d’articles : « la cigarette électronique tue » ou « la cigarette électronique est responsable de maladies graves ». Le Dr Ezike peut être contente, son message a fait le tour de la planète. Bien appuyé par de poignants témoignages sur Facebook de jeunes et charmantes vapoteuses, bien sous tous rapports, à qui l’on donnerait le bon Dieu sans confession, qui sont tombées malades à cause de cette méchante vape.
Et puis, pourquoi douter des propos d’un médecin ? De ces témoignages émouvants ? On savait que tous les malades et les morts vapaient. Alors, c’est clair et c’est évident : la vape tue. Point. Faites gaffe à votre liquide fraise, chocolat ou tabac au miel !

Pour ne rien arranger, certains médias firent le parallèle avec les propos de l’OMS publiés un moins plus tôt : « les ENDS sont incontestablement nocives. » Voilà donc que la situation américaine faisait de l’OMS de brillants experts au jugement sûr.
Et voilà, c’est simple : 1+1 = 2. L’OMS l’a dit, les faits le confirment.

Pourtant, très vite, on a pu constater que les choses n’étaient pas si simples. Et le Dr Ezike le savait déjà lorsqu’elle fait sa déclaration.
La majorité des malades ont avoué avoir utilisé des liquides au THC, souvent achetés au marché noir. En plus des doutes que l’on peut avoir sur le fait de vaper de l’huile, on imagine le soin délicat apporté à la fabrication de ces liquides. Ce qui fut confirmé : certains de ces liquides contiennent aussi des pesticides ou des fongicides. Il n’y a pas besoin d’avoir plus de 50 points de QI ni d’avoir bac +18 en médecine pour se douter que des fongicides dans un liquide peuvent éventuellement perturber les poumons. Peut-être même très vite et très fort.
Cette hypothèse de l’utilisation de liquides aux huiles de THC permet aussi d’expliquer pas mal de choses. Ce sont les américains qui sont concernés, aucun cas n’est pour l’instant identifié en Europe, il s’agit principalement de jeunes, souvent de sexe masculin. Alors que font des jeunes américains pour être fragilisés à ce point ? Si c’est la vape, sont-ils plus fragiles que des femmes européennes dans la fleur de l’âge ? Leur corps est-il inadapté à l’arôme fraise tagada ?


4. Haro sur la vape !


Cette histoire d'arôme fraise tagada peut prêter à rire. Mais en fait, ça l’est moyen car c’est en se servant de cette crise que le président Donald Trump a décidé de proposer une loi interdisant les arômes.
Cela tombe rudement bien aussi, c’est un des judicieux conseils répétés inlassablement par l’OMS, rapport après rapport !

Là encore, cela ne signifie pas qu’il y ait complot. Juste que des chercheurs ou des politiques partageant l’avis de l’OMS ont soufflé l’idée au gouvernement américain. La vape attire les jeunes, la vape tue, il faut arrêter cette folie coûte que coûte. On ne va quand même pas interdire dans la « plus grande démocratie du monde » qui autorise par ailleurs ses citoyens à se défourailler joyeusement la tronche à coups de flingues, cela fait désordre mais, tout en affirmant qu’on ne lutte pas contre, on contraint, on limite, on freine. Et c’est pour la bonne cause : c’est pour les jeunes !

Et pour les fumeurs ou vapoteurs adultes ? Ma foi, s’ils ne sont pas contents, qu’ils achètent des patchs, des gommes ou du Champix ! Et ils ne vont pas râler pour une mesure protégeant les jeunes, sinon ce sont juste de vieux cons aigris. Et puis, en plus, ils sont carrément suicidaires, ces abrutis. N’a-t-on pas montré que les arômes banane, café ou tabac californien détruisaient les poumons ? Qu’ils se tuent s’ils le veulent mais protégeons nos enfants du plus grand fléau de notre temps : l’arôme cerise !

Que la vape soit déjà interdite aux mineurs dans de nombreux pays est un point de détail que l’on passera sous silence. L’affirmer, le répéter, c’est rendre inopérant le fait qu’on interdit les arômes pour les protéger, puisqu’on a déjà fait voter une loi pour cela et qu’on peut se demander pourquoi elle n’est pas respectée.

Le 4 octobre, la FDA a publié un communiqué qui désigne clairement deux causes majeures des problèmes survenus aux USA, et peut-être les seules : les liquides au THC et/ou les liquides achetés au marché noir. La ministre de la santé française ait intervenu pour dire que la crise américaine ne pouvait pas être dupliquée chez nous.
Entretemps, on a dit que la vape/arrêt du tabac tuait, on l’a répété. Le débat a été amplifié, déformé, hystérisé.

Aujourd’hui, selon un sondage Sovape/BVA, 59% des français considèrent que la vape est aussi au plus dangereuse que le tabac, 80% pensent que la nicotine est cancérigène. Des idées qui sont à l'opposé de ce que les experts scientifiques qui se penchent sur la question affirment. Savez-vous par exemple que l'Institut National du Cancer, institut de l'état français, recommande la vape ? Qui le dit ? Quel média passe ce message ? (lire ici)

En France en septembre, les ventes de produits de la vape auraient baissé entre 20 et 30%, les primo-vapoteurs semblent ne plus se rendre dans les boutiques de vape. De l’autre côté, les ventes de tabac auraient augmenté de 5 à 6 points.

Les détracteurs de la vape ont donc gagné. Le doute est installé. Plus que le doute d'ailleurs, puisqu’à travers le monde, des millions de gens sont persuadés que la vape est aussi ou plus dangereuse que le tabac.

Une victoire chèrement acquise en piétinant la vérité.
Mais que les vainqueurs ne se réjouissent pas trop vite. La vérité est bien plus difficile à tuer. Elle finit tôt ou tard par éclater.

Merci de m'avoir lu et bonne vape !


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